MOI JE DIS BRAVO....

Le camp du public prend possession des fauteuils, de la salle, de l’air ambiant, il emplit cet espace de l’accumulation de ses ions positifs et négatifs, et très vite ce public, ce soir-là, devient ami ou ennemi.
Il n’empêche que le plaisir d’être là remplit chaque spectateur d’une attente frémissante, d’une curiosité presque malsaine devant le mystère d’un rite qui va se dérouler devant lui.
Le spectateur est passif, en apparence, mais ses réactions intimes vont émaner de lui pour influencer le jeu des acteurs et pour peu que ces réactions soient négatives, et qu’elles s’additionnent avec un nombre important d’autres réactions négatives, les acteurs se sentiront très vite en position de repli.
Pour les comédies, le problème ne se pose pas d’une manière aussi troublante. Le public rit, ou il ne rit pas. C’est clair et net, et s’il ne rit pas, c’est que l’effet n’a pas porté mais il est rare qu’aucun effet ne porte, ou alors c’est la cata absolue.
Non, le mystère réside dans une pièce qui joue sur la corde sensible, où le talent de l’acteur consiste à dévoiler son intimité sans être impudique. Face à lui, le public frémit, ou s’indigne, ou absorbe ce rayonnement de l’intime comme on absorbe la lumière du soleil. Il y a alors un silence et la salle s’emplit d’ions positifs. L’osmose est alors immédiate entre les deux camps.
Il y a de bonnes salles et de mauvaises salles, nous le savons tous, et il arrive que lorsque la fusion fut parfaite, la troupe d’un commun accord, aux saluts, se mette à applaudir son public.
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