MES SOUVENIRS DE THEÂTRE
Fernandel en tournée (suite)
Toulouse, le théâtre du Capitole
J’ai frappé à la porte de la loge de Fernandel. Je voulais voir cet espace clos, ce refuge, repaire des monstres sacrés. Caruso, Mario Lanza, Luis Mariano. Ici l’idole s’était préparée, recueillie, avait prié, fait des vocalises, parlé d’amour, fait l’amour. J’ai vu le parquet sombre, la table encombrée de produits de maquillage, le canapé de velours rouge rapé, j’ai respiré l’odeur de poussière et de fards qui est l’odeur même du théâtre, poussière et fard, splendeur et misère. La loge était restée immuable, telle que Mariano l’avait habitée. On ne refait pas les loges, chaque occupant la prend comme il la trouve, l’emplit d’une présence légère, le temps d’un dédoublement passager, y laisse l’empreinte de son corps dans les coussins d’un fauteuil, une photo glissée dans l’encadrement de la glace, un parfum, rien de destructeur. Les loges sont comme des chapelles. Là où souffle l’esprit, le temps s’arrête.
Je me suis regardée dans la glace où Mariano avait guetté la ride d’un soir, le cerne de fatigue, l’approche de la fin.
J’ai vu dans ce miroir ses yeux noirs qui souriaient, ses dents éblouissantes, son charme mélancolique. Sa photo était là, il habitait toujours sa loge.
Fernandel m’a regardée faire, sans parler. Il comprenait.
Toulouse, le théâtre du Capitole
J’ai frappé à la porte de la loge de Fernandel. Je voulais voir cet espace clos, ce refuge, repaire des monstres sacrés. Caruso, Mario Lanza, Luis Mariano. Ici l’idole s’était préparée, recueillie, avait prié, fait des vocalises, parlé d’amour, fait l’amour. J’ai vu le parquet sombre, la table encombrée de produits de maquillage, le canapé de velours rouge rapé, j’ai respiré l’odeur de poussière et de fards qui est l’odeur même du théâtre, poussière et fard, splendeur et misère. La loge était restée immuable, telle que Mariano l’avait habitée. On ne refait pas les loges, chaque occupant la prend comme il la trouve, l’emplit d’une présence légère, le temps d’un dédoublement passager, y laisse l’empreinte de son corps dans les coussins d’un fauteuil, une photo glissée dans l’encadrement de la glace, un parfum, rien de destructeur. Les loges sont comme des chapelles. Là où souffle l’esprit, le temps s’arrête.
Je me suis regardée dans la glace où Mariano avait guetté la ride d’un soir, le cerne de fatigue, l’approche de la fin.
J’ai vu dans ce miroir ses yeux noirs qui souriaient, ses dents éblouissantes, son charme mélancolique. Sa photo était là, il habitait toujours sa loge.
Fernandel m’a regardée faire, sans parler. Il comprenait.
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