AU HASARD DES FLASHES
Une bonne grippe, et voilà que l’immobilité vous rend soudain réceptive à toutes les sources d’information disponibles, et elles sont nombreuses, voire envahissantes : Il faut sélectionner, parmi les thèmes qui sont souvent très éloignés de ce que l’on attend de la Culture.
Ces derniers jours, entre deux quintes caverneuses, voici ce qui m’a fait dresser l’oreille au fil des relais d’information :
PIERRETTE FLEUTIAUX N’ÉCRIRA PLUS.
Je l’avais un peu oubliée, depuis le choc de « Nous sommes Eternels » en 1990, qui m’avait remuée jusqu’au plus profond.
C’est un éloge d’ Anne Wiazemsky dans un magazine qui m’avait alertée. Elle venait de recevoir le Prix Femina pour ce roman édité chez Gallimard.
J’avais tout de suite compris que cette histoire de frère et soeur incestueux était autobiographique et j’avais plongé dans son récit fiévreux, suspendue à son mystère jusqu’à la fin doublement tragique.
J’avais été touchée par la personnalité de l’auteur, avant de savourer son style, tellement sa fragilité, son humanité et son intelligence de l’âme humaine se devinent entre les lignes.
Elle a écrit beaucoup de livres, Pierrette Fleutiaux, et je suis passée à côté de la majorité d’entre eux, mais je garde le souvenir de « Des phrases courtes, ma chérie », où les rapports d’une fille avec sa mère vieillissante sont décrits avec une délicatesse rare.
Elle a même écrit des livrets d’opéra, curieusement, dont celui de
« Nous sommes éternels » ! (J’ai du mal à imaginer ce roman adapté pour l’opéra !
J’ai compris à travers les commentaires qui ont suivi sa disparition qu’elle laisse un vide réel, elle était très aimée dans les milieux de l’édition.
MOLIÈRE TOUJOURS MOLIÈRE
Bien sûr, chaque saison théâtrale se doit de programmer au moins une pièce de Molière, plus ou moins bien montée, plus ou moins dotée de « grosses pointures à l’affiche .
Cette année, nous avons, en même temps deux sommets de l’art théâtral intemporel : Le Malade Imaginaire et Le Misanthrope.
Le Malade Imaginaire
se joue jusqu’au 25 mai au Théâtre de Paris dans une mise en scène de Daniel Auteuil, avec Daniel Auteuil dans le rôle titre, et sa fille Aurore dans le rôle de Toinette.
Un duo étincelant, parait-il, j’ai hâte de le voir de mes yeux !
La dernière pièce écrite par Molière avant de mourir sur scène dans le rôle d’Argan, le malade imaginaire, justement...
Le Misanthrope
se joue jusqu’au 18 mai, au théâtre Libre, dans une mise en scène de Peter Stein avec Lambert Wilson dans le rôle titre.
Un rôle de composition, pour cet acteur plutôt philanthrope et rompu à toutes les métamorphoses, au théâtre comme au cinéma.
ROBERT MITCHUM VU PAR BRUCE WEBER
Bruce Weber, photographe très connu dans les milieux de la mode et du spectacle dans les années soixante, a longuement travaillé sur le personnage de Robert Mitchum, qui représente pour lui le symbole absolu de la virilité. C’est vrai, rappelons-nous, tous ses films le montrent sous cet angle, un mec totalement viril, sans une once de féminité cette fameuse dualité que se reconnait Depardieu lui même.... Une virilité naturelle, souple mais indiscutable.
Pas macho non plus, car Mitchum était un tendre, et quand il chante « Sunny », on a la larme à l’oeil.
Donc, Bruce Weber a eu envie de faire un documentaire filmé sur Mitchum, à partir de photos, d’extraits de films, de dialogues, de commentaires extérieurs sur l’homme, sur l’acteur.
Le film est sorti en salle au mois de février, il s’appelle « NICE GIRLS DONT STAY FOR BREACKFAST ».
Drôle de titre, que l’on comprend peut-être en voyant le film.
Je me demande s’il a rempli les salles... Juste quelques initiés cinéphiles et nostalgiques du monde fou des sixties ?
Bruce Weber, ce vieillard à barbe blanche plutôt classé parmi les grands photographes s’est débrouillé pour se glisser dans l’actu cinématographique de ce début d’année – empruntant la carrure d’une icone bien vivante dans nos mémoires.
Il nous a donné envie de revoir le visage blasé et le sourire laconique de Robert Mitchum. Dans Le Dernier Nabab, il était dans l’ombre de Robert de Niro mais il imposait sa saine virilité sans en rajouter. Pourtant, en 1976 il ne jouissait plus de la colossale popularité de La Nuit du Chasseur...
C’est donc cette particularité de l’être humain devenue rarissime, la Virilité absolue, que Bruce Weber a voulu rappeler à travers la carrière de Robert Mitchum.
Dans de film, on le voit vieux. C’est dommage. C’est en vouloir à sa belle gueule, une gueule « comme on n’en fait plus ».
Miss Comédie.