INTRA MUROS au théâtre de la P&pinière
L'instant théâtre
Pour Télérama, cette pièce n’est « pas du théâtre d’art, mais au moins d’ excellent artisanat ».
Je sais bien que l’artisanat a acquis depuis longtemps ses lettres de noblesse, mais quand même, excusez-moi du peu, c’est drôlement réducteur pour qualifier INTRA MUROS.
Moi je dis qu’Alexis Michalik a l’Art de raconter des histoires vraies en les nimbant d’imaginaire, qu’il a l’Art de plonger dans les tréfonds de l’âme humaine sans se prendre pour Freud, l’Art de faire se côtoyer le réel et l’inventé, le vrai et le faux sans que cela trahisse la moindre stratégie, l’Art de nous faire passer du rire aux larmes en une réplique, l’Art de faire oublier sa mise en scène , c’est la vie même qui se joue sur le plateau.
Bon, vous avez compris que j’ai aimé INTRA MUROS.
Après EDMOND, what else ? Et bien, du Michalik pur jus. Mais chaque fois la surprise.
Ce soir, on s'attend à tout. Pas très ludique, le décor. Une prison, mieux, une « centrale », le mot est bien carcéral.
Il existe des gens de théâtre à l’âme généreuse qui se produisent dans les hôpitaux, les prisons. Ils donnent du bonheur aux malheureux isolés du monde.
Ici, le metteur en scène se retrouve avec deux, seulement deux prisonniers intéressés par le truc théâtral.
L’un est un anar extraverti fort en gueule, l’autre est muet.
On va les faire raconter leur vie, c’est une forme d’improvisation, exercice pratiqué par les apprentis comédiens pour apprendre à s’extérioriser. Cela tourne souvent au psycho-drame.
C’est ce qui va se passer devant nous.
Deux mondes vont surgir, deux destins aussi cruels l’un que l’autre. Deux histoires qui n'ont qu'un point commun, la prison.
Sinistre ? Pas du tout. C'est haletant comme un polar. On les écoute. On comprend que ces deux-là qui sont venus tâter du théâtre, ont improvisé sur le thème de leur vie ratée et que ça les soulage de se raconter.
Et voilà comment le théâtre peut devenir une thérapie quand tout a été tenté et que rien n’a réussi.
Les deux acteurs sont follement réels dans leur détresse.
Voilà comment, avec un sujet pas vraiment folichon, un décor assez glauque et des comédiens inconnus qui brûlent les planches, on peut faire un théâtre d’Art, pétri d'humanité.
Miss Comédie
Au théâtre de la Pépinière à Paris jusqu'au 16 décembre 2017